L’enfumage

 Enfumer une pièce, c’est la soumettre aux caprices du vent, de l’hygrométrie, et de la fumée dégagée par les plantes qui se consument doucement. Elles jouent encore une fois un rôle primordial en fonction de leur composition et, suivant leur état de sècheresse, elles vont dégager plus ou moins de vapeur d’eau, belle vapeur blanche qui va partir en volutes de la terre vers le ciel.

Techniquement, l’enfumage est d’une simplicité élémentaire : dans une bassine, une fosse, une malle, un bidon, préalablement percés de trous afin de laisser entrer un peu d’oxygène, on pose une pièce que l’on recouvre de sciure, de branchages, de feuilles mortes, de fleurs séchées… Certains aventureux y ajouteront des peaux de bananes séchées, peaux d’avocats, algues, sel, sulfates de cuivre ou de fer pour apporter des couleurs métallescentes.

(La technique d’enfumage “à ciel ouvert” - sans bidon, en déposant des pièces dans le la sciure - est réservée à la cuisson raku.)

On ferme le bidon, la malle, la fosse, la bassine avec un couvercle semi-étanche (il faut que la fumée puisse s’échapper mais pas trop vite) et on procède à l’allumage. Puis l’attente s’installe, car plus l’enfumage est long, plus les résultats sont intenses… Et voilà.

Par contre, pour obtenir un résultat captivant il faut préalablement polir la pièce ; le travail est là, dans les heures de polissage. On peut alors aussi bien enfumer de la porcelaine bien blanche, de la faïence ou même des terres plus foncées comme du grès.

Cette technique a été utilisée dès le néolithique et très largement dans la tradition céramique : les “poteries noires” en Grèce, dans l’Est de l’Europe, en Amérique du Sud ...